Hitch… quoi ?

L’autre jour, à l’imprimerie, où je fais scanner mes derniers dessins, un sympathique jeune homme s’approche de moi et me demande s’il peut feuilleter mon portfolio. Dans la foulée, je lui montre mon site internet qu’il examine avec attention en égrenant quelques louanges, puis il me dit : « C’est qui le type avec l’oiseau sur la tête ? ». Deux possibilités : soit je dois reprendre des cours de dessin, soit mon client est une réplique contemporaine d’Hibernatus.

Passé le moment de stupeur, je lui parle d’Hitchcock, et du film « Les Oiseaux ». Ça lui dit vaguement quelque chose, mais sans plus…    

Mais oublions l’anecdote et parlons plutôt du portrait (ci-joint – et inspiré de deux photos ci-après)…

Dans ma production, ce portrait est le premier réalisé en partie au fusain, un outil qui donne au dessin une certaine fluidité, tout en jouant sur des effets de relief et de mouvement (cf. les ailes du corbeau). Mais le fusain a aussi pour moi quelques inconvénients… D’abord, sa texture… Lorsque je dessine au fusain, j’ai parfois l’impression de gratter la carrosserie d’une voiture avec les ongles ; ça crispe un peu. Ensuite, si l’outil favorise le mouvement, il limite en même temps la précision, or, après l’expression du sujet, la précision du trait est pour moi, et par ordre d’importance, le deuxième critère. Enfin, malgré l’utilisation d’un fixatif, souvent ça bave et laisse des traces, ce qui n’est pas l’idéal au moment de la finition. Bref, pour ces trois raisons, j’ai remisé provisoirement mes fusains au fond d’un tiroir…

Dans ce portrait d’Hitchcock, je n’ai pas souhaité me conformer à une représentation fidèle du modèle. Si Je me suis inspiré des deux photos ci-devant, c’est parce que son expression, où perce un mixte de morgue et de flegme (so british…), semble s’accommoder des sinistres battements d’ailes du funeste volatile. C’est comme si le cinéaste nous disait :

« Je maîtrise mon art à la perfection, et cet oiseau posé sur ma tête m’indiffère ; or je n’en dirais pas autant de vous qui semblez effrayés ». 

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